Découvertes par A. Tasman (1643), explorées par Cook (1774) et Dumont d'Urville (1827), colonie britannique en 1874, les îles Fidji formèrent de 1970 à 1987, un État indépendant, membre du Commonwealth. Les Indiens, descendants des travailleurs venus avec les Britanniques pour cultiver la canne à sucre, contrôlèrent le pouvoir économique et les Fidjiens demeurèrent propriétaires des terres. Lors des élections de 1977, le parti de l'Alliance (fidjien) qui détenait le pouvoir depuis 1970, fut mis en minorité par le Parti national fédéral (indien). En septembre 1977, il remporta les élections, avant de perdre celles d'avril 1987. Cependant, le colonel Sitiveni Rabuka, soutenu par les chefs traditionnalistes fidjiens, s'empara du pouvoir et proclama la République. L'archipel fut mis au ban du Commonwealth. S. Rabuka prit la direction d'un gouvernement militaire provisoire, fut nommé Premier ministre et général au terme des élections de 1992, et fut réélu en 1994. Considérée comme discriminatoire, la nouvelle constitution, adoptée en 1990, réservant aux seuls autochtones les responsabilités politiques, provoqua le départ massif d'une partie de la population indienne. Face à ce constat d'échec, une révision constitutionnelle rééquilibrant la répartition ethnique des sièges au sein du Parlement, fut adoptée en juillet 1997. Elle fut suivie de la présentation des excuses officielles du général Rabuka auprès de la reine Elisabeth et de la réintégration de l'archipel dans le Commonwealth.
Le 19 mai 1999, le dirigeant syndical, Mahendra Pal Chaudhry, représentant d'une coalition dominée par les travaillistes, remporta les élections législatives et remplaça le général Sitiveni Rabuka à la tête du gouvernement. Mais le 19 mai 2000, le Premier ministre, des membres de son gouvernement, ainsi que des députés furent pris en otages lors d'un coup d'État fomenté par George Speight, un homme d'affaires réaffirmant la prééminence de la population indigène mélanésienne sur les Fidjiens d'ascendance indo-pakistanaise. Peu après, Speight s'autoproclama Premier ministre par intérim et constitua un nouveau gouvernement. Face à cette situation de crise, Mahendra Pal Chaudhry accepta de donner sa démission. Les putschistes refusèrent toutefois de libérer les otages et menacèrent de les exécuter si les forces armées, fidèles au chef de l'État, intervenaient. Condamnant le coup d'État, mais non les motivations des putschistes, les chefs de tribus du Grand Conseil et le chef de l'État envisagèrent d'accorder l'amnistie à tous ceux qui y avaient pris part et de former un nouveau gouvernement de transition. Une semaine plus tard, l'état d'urgence était toujours en vigueur et la communauté internationale exprimait une fois encore sa désapprobation. En juin, l'abrogation de la Constitution multi-ethnique par les chefs de l'armée, d'origine mélanésienne, entraîna l'exclusion immédiate des Fidji par le Commonwealth. Le chef de l'armée, le contre-amiral Frank Bainimarama reprit le contrôle de la situation en instaurant la loi martiale dans le pays. Il nomma Ratu Epeli Nailatikau Premier ministre et avalisa un décret destiné à rétablir la Constitution de 1990. Cependant, en mars 2001, la Cour d'appel des Fidji rétablit la constitution de 1997, garantissant l'égalité entre Mélanésiens et Fidjiens. Cette décision capitale constitue une victoire du droit et de la démocratie.